Apprendre les langues

 

Dans l’épisode précédent du podcast Comptons avec leslittéraires, nous avons vu comment acquérir une bonne culture générale, aujourd’hui nous allons nous pencher sur la diversité des langues et des cultures et voir pourquoi il est important d’essayer de la favoriser.

Chaque langue est l’expression d’une culture, ou en tout cas chaque culture s’exprime à travers une langue. Et la langue reflète la façon de percevoir la réalité de chaque groupe et chacun-e de nous voit le monde à travers la langue dans laquelle il où elle vit depuis l’enfance.

C’est pour cette raison que l’on dit :

Quand on perd une langue, on perd une vision.

Notre façon de penser est modelée par la langue dans laquelle on évolue, et même les scientifiques ne pensent pas tout à fait de la même manière, ne perçoivent pas le monde tout à fait de la même manière, selon la langue et la culture dans laquelle ils évoluent.

Et il faudrait essayer de garder cette originalité-là, parce que c’est elle qui permet d’aller vers toujours plus de créativité.

Pourtant aujourd’hui on oblige les chercheurs à publier dans les revues américaines ou anglaises, en anglais, et à rentrer dans une façon de penser anglophone. Les entrepreneurs aussi sont obligés de communiquer en anglais pour avoir accès au marché, les étudiants s’intéressent en priorité aux formations en anglais, et les institutions internationales imposent l’anglais. Le linguiste Claude Hagège a d’ailleurs dénoncé le fait que l’Union Européenne aille de plus en plus dans le sens du tout-anglais.

 

A priori il peut sembler logique d’amener chacun d’entre nous à communiquer dans la même langue, et pourquoi pas l’anglais, ça permet de gagner en efficacité, mais attention, car d’une part la langue anglaise en vient à en être appauvrie puisqu’on utilise un anglais basique, de communication, d’autre part si l’utilisation de cette langue nous oblige à penser d’une certaine façon, à nous plier à une façon particulière de voir le monde, le risque serait qu’elle amène à perdre en réflexion et en créativité au niveau global.

Donc :

Est-ce qu’on ne devrait pas continuer à encourager les jeunes à apprendre plusieurs langues ? En France, on a de la chance, la grande majorité des élèves étudient deux parfois trois langues étrangères. Certains Français sont même bilingues depuis l’enfance, ils sont de plus en plus nombreux même s’ils sont une petite minorité. Par contre le choix des élèves et de leurs parents se portent souvent sur l’anglais et sur l’espagnol, ceux qui choisissent l’allemand, le russe, le chinois, l’italien, l’arabe ou le portugais, ou les langues régionales, sont très minoritaires, et les autres langues étrangères ne peuvent pas être étudiées dans l’enseignement primaire ou secondaire classique. C’est dommage parce que ça équivaut à se fermer à de nombreuses langues et cultures.

Et on constate que dans de nombreux pays le français est de moins en moins étudié. Donc si vous avez envie de vous intéresser à d’autres façons de vivre et de penser, allez faire un tour dans des parties du monde peut-être moins connues du grand public, et intéressez-vous à leurs habitants à travers leurs langues (même si au départ l’anglais, le français, l’espagnol, pourront éventuellement servir de langues de communication).

Et par ailleurs, n’ayez pas honte de continuer à défendre la langue française, à produire en français, à lire en français. Il est très intéressant de lire en anglais et on apprend beaucoup, mais est-ce que ça nous empêche de nous intéresser à la richesse de la littérature en français ? On aime l’anglais et on en a besoin pour travailler, pour voyager, pour étudier, mais ça ne devrait pas être une raison pour imaginer que l’anglais est supérieur aux autres langues, chaque culture et chaque langue est précieuse et a sa spécificité, et elle vient enrichir le monde. Les langues et les cultures devraient s’enrichir les unes les autres et on devrait rester curieux des mots et des expressions qui reflètent différentes façons de vivre, que l’on peut observer dans l’entreprise, la cuisine, la mode, la science, les techniques, les sports, la littérature, la chanson, etc

Vous pouvez commencer par aller regarder les applis qui existent, certaines sont très bien faites et proposent un grand choix de langues, avec parfois la possibilité d’échanger avec des locuteurs natifs. Et certaines proposent des livres audio en version bilingue, c’est assez efficace !

Pour les tout-petits il existe des applis, des CDs et des jeux qui permettent de les éveiller aux différentes langues de façon ludique. Par contre là ne les laissez pas tout seuls devant, partagez avec eux !

Allez, comptons avec les littéraires, et cultivons la diversité !

A bientôt sur le podcast :)

La culture générale

 

Qu’est-ce que la culture générale ? Disons que c’est un ensemble de connaissances sur des sujets très divers, dans des domaines comme l'histoire, la géographie, la politique, le droit, l’économie, les arts, les sciences, la littérature, la philosophie, etc.

A quoi sert-elle ?... Elle nous sert à comprendre le monde dans lequel on vit et à élaborer une réflexion et une pensée, tout d’abord. Car comme nous l’avons vu dans l’épisode précédent du podcast Comptons avec les littéraires, l’IA peut nous fournir énormément d’informations, sur tout un tas de sujets, donc on pourrait penser qu’il est désormais inutile d’apprendre des choses, d’engranger des connaissances, quand on peut très facilement et à tout moment aller chercher sur internet les réponses à nos questions. Oui mais… si on apprend, on peut prendre par exemple le cas de l’histoire de France ou l’histoire du monde, si on a des repères, que l’on connaît les grands événements historiques et si on a intégré la façon dont les événements se sont enchaînés, alors on peut comprendre le fonctionnement des individus, des institutions, des nations, on peut penser tous ces enchaînements et avoir un certain recul sur notre présent et imaginer l’avenir, donc savoir prendre des décisions éclairées.

Elle sert aussi à pouvoir échanger avec les autres, à leur partager notre propre analyse et à nous nourrir de la leur, et donc à vivre en harmonie ou en tout cas à tendre vers l’harmonie.

Et puis elle permet d’enrichir nos vies, de créer, et ça c’est ce qui fait les grands artistes ou les grands entrepreneurs, ou les grands décideurs.

Donc être curieux, apprendre tout un tas de connaissances, nous aide peu à peu à mieux comprendre le monde et à imaginer des façons de changer ce monde pour le rendre meilleur.

Comment acquérir une bonne culture générale ?

Lire, voyager, s’intéresser à de nouvelles façons de vivre et de penser, suivre l’actualité, sortir au musée, au théâtre, au cinéma, assister à des conférences et poser des questions aux intervenants,

aller voir… des expos, des concerts,

écouter des podcasts, suivre des cours en ligne, jouer à des jeux de société, cuisiner, rencontrer des nouvelles personnes et échanger avec elles.

Abonnez-vous à des revues ou allez les consulter en médiathèque, vous avez le choix entre les revues dédiées aux arts plastiques, la photo, le cinéma, l’architecture, il y en a pour tous les goûts !

Faites des visites guidées, d’expos, de villes, de sites patrimoniaux, de… d’entreprises, vous apprendrez plein de choses. D’ailleurs je vous conseille d’aller écouter sur cette même chaîne, l’épisode 6 du podcast Comptons avec les littéraires, où deux guides-conférenciers nous racontent leur métier. C’est passionnant !

Pour suivre l’actualité, vous pouvez lire Le Monde, Courrier international, le New York Times, New scientist, Les Echos, El Pais, La Croix, etc

Et écouter différentes chaînes de radio et de télé, en essayant d’avoir accès à une diversité de points de vue sur un même sujet, en les confrontant pour arriver à vous former votre propre opinion.

Ensuite, au niveau des lectures, privilégiez là aussi la diversité : vous pouvez lire des romans, des contes, des essais, de la poésie, du théâtre, des biographies, des BD, des mangas, …

Vous pouvez commencer par lire les grands auteurs classiques, comme Molière, Racine, Rabelais, La Fontaine, George Sand, Chateaubriand, Hugo, Balzac, Flaubert, Baudelaire, Musset, Proust, Duras, Sartre, Simone de Beauvoir, Camus, Colette,  … et j’en passe…

Et intéressez-vous aux « contemporains » étrangers, comme par exemple Borges, Cioran, Faulkner, Pessoa, Kawabata, Chinua Achebe, Tayeb Saleh, Najib Mahfouz, Saramago, Octavio Paz, Garcia Marquez, Vargas Llosa, Carlos Fuentes, Toni Morrison, Siri Hustvedt, Shida Bazyar, … etc… je vous laisse compléter la liste…

Situez et confrontez les différents textes, les différentes œuvres que vous lisez, sachez repérer et utiliser les différentes figures de style qui permettent d’exprimer au mieux des idées et des émotions, comme l’hyperbole, la métaphore, l’oxymore, par exemple si je dis « J’ai dévoré des milliaaaards de livres ! » :

C’est quoi ? ;)

Allez voir les suggestions de lectures sur le compte Instagram Comptons avec les littéraires, il donne plein d’idées et n’hésitez pas à en suggérer d’autres !

Et vous pouvez aussi aller écouter des bookstagrameurs, booktokeurs ou des booktubeurs !

Lisez et regardez films et séries en VO dès que possible, pour améliorer vos compétences en langues et aussi pour avoir accès à des cultures différentes et à des points de vue différents, et à une autre façon de traiter l’information, pour ce qui est des médias étrangers.

 

Pour acquérir de bonnes connaissances en histoire, lisez les livres de Serge Berstein et Pierre Milza, pour avoir en tête les grands repères historiques,… et il y a aussi plein d’autres auteurs bien sûr ! Là aussi faîtes le choix de la diversité, des historiens, des anthropologues et des sociologues !

En sciences vous avez des auteurs comme Stephen Hawking ou Trinh Xuan Thuan, allez voir le site de Etienne Klein, ou les cours en ligne de Walter Lewin.

En philo lisez Platon, Aristote, Epictète, Rousseau, Voltaire, Descartes, Kant, Nietzsche, Heidegger… il existe plein d’ouvrages de vulgarisation pour entrer facilement dans la philosophie, et suivez le compte Instagram philosophy is sexy (par exemple !).

Pour rencontrer des personnes intéressantes, pensez à vous inscrire à des cours ou à vous investir dans des associations, ou à créer votre propre groupe de discussion.

Voilà, c’était quelques suggestions, je suis sure que vous pourrez compléter.

Cultivez-vous bien et… à bientôt !

Pour écouter le podcast Comptons avec les littéraires voici le lien :

https://www.youtube.com/@rachelmihault 

N'hésitez pas à vous abonner ou à laisser un commentaire

Rachel Mihault, coach scolaire et universitaire à Montpellier

Que change l'IA pour les métiers de l'écrit ?

 

L’IA est en train de révolutionner nos vies dans divers domaines, et nombre de professionnels s’inquiètent des bouleversements qu’elle entraîne dans leurs métiers, tandis que d’autres sont très enthousiastes des progrès qu’elle permet, notamment dans le domaine de la santé.

Je n'évoquerai pas ici les changements qu’elle va amener dans le domaine de l’éducation, car ce sont des bouleversements énormes. Mais nous allons nous pencher sur les changements qu’elle amènera très rapidement dans les métiers de l’écrit et nous intéresser plus particulièrement à  quelques métiers que l’IA risque de fortement impacter, comme écrivain, traducteur, journaliste, scénariste, rédacteur Web, ou encore community manager ou autres métiers de l’écrit et du digital, comme copywriter par exemple.

Le nouvel épisode du blog Comptons avec les littéraires est à écouter sur Youtube !

L’IA s’appuie sur tout un tas de données recueillies par différents programmes qui utilisent le langage naturel, elle est donc capable de produire des textes écrits sur n’importe quel sujet, dans un grand nombre de langues (même si les langues les plus utilisées sur le Web donnent davantage de résultats évidemment).

Nous pouvons donc faire appel à elle pour créer ou traduire un article, rédiger un mail professionnel ou un message publicitaire, produire des contenus pour les réseaux sociaux, écrire un scénario et même un roman pourquoi pas ?! Et elle peut même nous aider avec l’orthographe et la grammaire !

Par contre attention, elle n’est pas tout à fait fiable et donne parfois des informations fausses ou partage des contenus protégés, il est donc de la responsabilité de la personne humaine de vérifier les infos fournies par la machine avant de partager son texte. Par ailleurs, étant donné qu’elle n’a accès pour le moment qu’aux données précédant l’année 2021, elle ne pourra pas écrire un texte sur un sujet d’actualité (ce qui est un bon point pour les journalistes, mais attention, le métier de journaliste est le premier menacé par l’IA !).

Des outils comme ChatGPT, Bing Chat, Jasper, Google Bard, et d’autres, … sont aujourd’hui capable de proposer un texte à partir d’indications écrites ou orales, ou même d’une image ou d’une vidéo, ou de traduire un texte d’une langue A vers une langue B en quelques minutes, voire quelques secondes. Donc l’IA peut permettre aux entreprises ou aux indépendants d’être plus présents sur internet, et donc mieux référencés, en produisant en plus grande quantité. Eh oui elle vous permet de rester dans la course !

Elle est surtout très utile pour la phase de recherches d’informations sur un sujet précis et pour nous inspirer de nouvelles idées. Elle peut également être un bon support pour nous aider à structurer notre texte. Elle permet donc un énorme gain de temps. Une fois que nous savons bien l’utiliser.

Pour qu’elle soit efficace, donnez-lui dès le départ des consignes claires et précises sur ce qu’elle doit rédiger et sur la longueur du texte que vous désirez, puis comme dans une conversation, précisez au fur et à mesure sur quels points vous voulez vous concentrer. Et là, c’est l’art de poser la bonne question pour obtenir ce que vous souhaitez ! Il s’agit vraiment d’un travail collaboratif entre l’IA et vous.

Plus vous serez clairs et précis dans vos demandes, mieux l’IA pourra répondre à vos requêtes.

Puis, dans un second temps, il est toujours possible de retravailler le texte qu’elle nous propose afin d’en faire un texte original et plus engagé, comme l’a fait l’historien Raphaël Doan dans son livre Si Rome n’avait pas chuté, où il a précisé et corrigé tout le travail qu’avait fait préalablement ChatGPT3 en répondant à ses demandes.

Car ce qui fera la différence avec la machine qui est allée chercher tout un tas de données sur le Web, c’est le style personnel du rédacteur et son point de vue particulier, ou son expertise sur un sujet pointu. L’IA vous fournit le support et vous amenez l’analyse, la mise en forme, l’esprit critique, la nuance, le style !

De même dans le domaine de la traduction, elle peut être absolument utile au traducteur ou à la traductrice en lui offrant une base de travail, mais la personne humaine va ensuite apporter son savoir-faire et ses connaissances, d’un vocabulaire technique ou de tournures littéraires par exemple.

L’IA est un outil très utile, mais ne la laissons pas tout faire à notre place !

Car, on le voit bien dans le cas des scénaristes qui s’inquiètent pour leur avenir, l’IA pourrait inventer des centaines de scénarios mais ils risqueraient d’avoir tous une structure similaire et de manquer d’inventivité. Le combat sera donc de conserver des scénarios originaux et de lutter contre la standardisation des esprits.

Il en est de même dans le domaine de la littérature. La diversité culturelle continuera à exister si les lecteurs continuent à être exigeants. C’est-à-dire si l'on considère que les livres ne sont pas des marchandises mais des créations intellectuelles et singulières, destinées à enrichir nos esprits.

C’est le rôle des lecteurs que de faire le tri, aidés ou guidés par les enseignants, les critiques littéraires, les libraires – entre-autres.

Nous avons donc tout intérêt à commencer à utiliser l’IA, avant d’être utilisés par elle ! Apprenons à nous en servir avant qu’elle ne se serve de nous... Car oui, le texte que vous allez produire sera ensuite digéré par l’IA pour aller nourrir ses productions ! 

En tout cas, si l'on suppose que l’IA va faire partie de notre avenir et que nous désirons que la langue française reste dans le jeu, nous avons tout intérêt à alimenter le système… en français !

Car nous ne sommes qu’au début de cette révolution, et nous n’imaginons pas encore tous les bouleversements que l’IA va apporter... mais essayons de la garder comme amie !

Enfin, tout cela à condition que nous ayons encore les énergies permettant de faire fonctionner les ordinateurs ! Mais l’IA promet là de nous aider à optimiser la gestion de notre consommation !

A suivre donc !...

A bientôt !

Rachel Mihault, coach scolaire et universitaire à Montpellier