A
l’occasion de la parution de mon livre intitulé Le mythe national mexicain à travers les manuels scolaires d’histoire,
paru dans la collection « manuels scolaires et sociétés » des Editions
L’Harmattan, je vous propose ici un petit aperçu de l’histoire de l’éducation
au Mexique.
Précisons
tout d’abord que l'enseignement primaire est laïque, gratuit et obligatoire. Il
est divisé en six niveaux, désignés par des chiffres allant de un à six : le
premier niveau est appelé « primer grado », le dernier « sexto
grado ».
L'année 1821 fut celle
de l'indépendance du Mexique. L'éducation publique naquit quelques années plus
tard avec les lois des 21 et 23 octobre 1833 et la création de la Dirección General de Instrucción Pública. On détruisait ainsi le monopole qu'avaient
exercé les institutions ecclésiastiques sur l'éducation durant des siècles.
Au début du vingtième
siècle on définit le concept d'éducation intégrale : le rôle de l'école est
d'éduquer l'enfant et pas seulement de l'instruire. L'éducation doit contribuer
au développement harmonieux de l'enfant, du point de vue physique, intellectuel
et moral. Fut ainsi introduite l'étude de l'histoire de la Patrie, de la géographie du
Mexique et du civisme. Les enseignants devraient désormais développer chez
leurs élèves l'amour de la patrie, la fidélité à ses institutions et le désir
de participer au progrès de la
Nation.
Cependant, l'éducation
restait le privilège des classes supérieures et moyennes.
Pendant la Révolution de
1910-1917, le peuple voulut transformer les structures économiques, politiques
et sociales, afin d'obtenir de meilleures conditions de vie. L'éducation devait
devenir un instrument de lutte contre la stagnation économique, politique,
culturelle et sociale. Commença alors à se dessiner une éducation populaire :
suppression de la Secretaría de Instrucción Pública et réforme de
l'article III de la
Constitution, où il est établi que l'Etat a tout pouvoir dans
la réglementation de l'école publique et privée et que l'école devra être
laïque et gratuite.
Mais l'événement
essentiel du début du vingtième siècle fut, en 1921, la création de la Secretaría
de Educación Pública (SEP). A sa
tête, José Vasconcelos, qui mit en place trois actions fondamentales :
développement des Beaux-Arts, création d'écoles et de bibliothèques. Son projet
éducatif comprenait éducation indigène, éducation rurale et enseignement
technique. Il considérait essentiel que tous les élèves aient des livres de
lecture à leur disposition, et son but fut que toutes les écoles soient dotées
d'une bibliothèque. La SEP
fit éditer des millions de livres de lecture et d'histoire et géographie.
Par ailleurs, il fonda
une institution qui eut beaucoup de succès dans les années qui suivirent : la
Misión Cultural, il envoya dans les zones isolées du pays
des instituteurs qui enseignèrent la lecture, l'écriture, les mathématiques,
l'histoire, les arts et les métiers. Ils devaient développer chez les élèves la
conscience nationale, et leur apprendre les bases de l'hygiène et de la
médecine.
De 1925 à 1930, Moisés
Saenz remplaça José Vasconcelos à la tête de la SEP. Il développa les
écoles rurales et les écoles normales. Son successeur fut Narciso Bassols, qui impulsa
l'enseignement secondaire et technique.
De 1934 à 1940, sous la
présidence de Lázaro Cárdenas, l'article III de la Constitution fut
modifié et déclarait que l'éducation devait être socialiste, afin d'offrir un
enseignement plus en accord avec les principes de la Révolution. Tout
le système éducatif fut réformé, de nouveaux programmes furent créés et de
nouveaux manuels édités : les livres de lecture « Serie SEP » pour les écoles primaires urbaines, « Serie Simiente » pour les écoles
rurales.
De 1940 à 1958, le
système éducatif s'est peu développé, à l'exception de l'enseignement primaire
en milieu urbain et l'enseignement technique et professionnel. Ce fut une
époque de croissance économique, grâce au développement du secteur industriel.
Ainsi, le rôle des enseignants était de développer l'enseignement pratique et
utile à la patrie, ainsi que le sens moral et le sens du travail. Les
particuliers (à l'exception des institutions religieuses) furent autorisés à
ouvrir et à diriger des écoles. A l'éducation socialiste, succédait le concept
d' « unité nationale ».
En 1942, fut votée une
nouvelle loi (Ley Orgánica de Educación
Pública), où l'on affirmait que l'Etat devait offrir une sensibilisation à
l'amour de la patrie, des traditions nationales et de la fraternité humaine.
L'hommage au drapeau devait être rendu chaque jour dans les écoles. En
1943, l'hymne national édité par la
SEP en 1942 fut déclaré officiel, afin d'encourager le
sentiment national.
En ce qui concerne les
manuels, il en existait un grand nombre. Leurs auteurs devaient suivre les
programmes définis par la SEP et adopter un ton civique et patriotique.
Cependant, de nombreux enfants n'avaient pas accès aux manuels, car ils
coûtaient très cher.
Sous la présidence
de Adolfo López Mateos (1958-1964), Jaime Torres Bodet était ministre de
l'éducation. Les deux problèmes qui se présentaient étaient qu'un grand nombre
d'enfants en âge scolaire n'avaient pas accès à l'enseignement et que la
qualité de celui-ci était insuffisante dans tout le pays. Ainsi fut établi, le
31 décembre 1958, un décret connu sous le nom de « Plan de los Once Años ».
Un grand nombre
d'écoles furent construites, aussi bien en ville qu'à la campagne, et de
nombreux enseignants recrutés. Une mesure essentielle fut la création, en 1959,
de la Comisión Nacional de los Libros de Texto Gratuitos :
l'Etat se chargerait de faire rédiger, illustrer et éditer les manuels
correspondant aux programmes de la
SEP, et de les distribuer gratuitement à tous les
élèves de primaire du pays.
C'est à l'étude de ces
manuels scolaires que nous nous intéresserons dans le livre Le mythe national mexicain à travers les
manuels scolaires d’histoire, et plus particulièrement aux manuels
d'histoire de l'enseignement primaire édités par la Comisión Nacional de los Libros de Texto Gratuitos de 1959 à nos jours.
Pour plus d’informations,
je vous invite à consulter le site des Editions L’Harmattan :